En France, pays des Belles-Lettres, les étudiants issus des filières littéraires et des Sciences humaines sont souvent confrontés à la traversée du désert, s’ils n’ont pas envie d’enseigner ou de passer les concours de la fonction publique.
Terra incognita, l’entreprise leur est présentée comme hostile à tous les cursus non scientifiques, un lieu où les littéraires ne sauraient survivre.
D’où vient ce discrédit des Lettres, très particulier à la France, puisque dans les pays anglo-saxons, nombreux sont les diplômés de Lettres et de Sciences humaines à faire carrière dans l’entreprise ?
Jusqu’au XVIIIe siècle, les humanités ont régné sans partage sur toutes les disciplines. La rhétorique était à l’honneur dans l’enseignement.
Il s’agissait de savoir prendre la parole comme la plume, avec aisance.
Avec les Lumières, les sciences prennent leur élan. Le XIXe siècle, avec le triomphe du positivisme et de la Révolution industrielle fait la part belle aux chiffres face aux Lettres.
Cette tendance, le XXe siècle l’accentue encore. Elle se reflète dans les budgets alloués à l'enseignement des Sciences humaines et des Lettres, toujours en baisse par rapport à ceux consacrés aux enseignements scientifiques.
Depuis quelques années, la situation change. Lancée en 2007, l’opération Phénix permet à de grandes entreprises de recruter chaque année des cadres diplômés de Masters 2 Recherche Lettres et des Sciences humaines.
Axa, Bred, Coca-Cola Entreprise, Danone, L’Oréal, Leroy Merlin et Vinci, en particulier, font partie du programme de cette année. Depuis les débuts de Phénix, 180 personnes ont été recrutées par cette voie atypique.
Dans une époque de communication permanente et à grande échelle, la maîtrise de la langue écrite et orale est à nouveau considérée comme une compétence majeure dans l’entreprise 3.0.